HANI ABBAS

Qui est Hani Abbas ?
Hani Abbas vit et parle avec ses crayons. Toujours un carnet dans la poche, son crayon jaune usé entre ses doigts, Hani dessine, tous les jours, toujours, depuis toujours. Son histoire, sa vie, son courage, sa détermination font de ce dessinateur une personnalité unique. A travers son vécu, l’art a pris une place prédominante qui le porte à chaque instant encore aujourd’hui. Approcher le dessin de presse par le regard et l’expérience de Hani Abbas permet de comprendre l’importance de la liberté d’expression, les risques encourus par ses dessinateurs-activistes qui transmettent des messages forts et critiques en parlant d’humanité, d’environnement mais aussi de politique et d’actualité. Difficile de croire qu’un dessin puisse devenir une arme à détruire, et pourtant, aujourd’hui encore des dessinateurs sont en danger, en prison ou en exil. Hani en est le parfait exemple.

Quelques mots sur son parcours :
Né en 1977 dans le camp de réfugiés de Yarmouk, près de Damas en Syrie. Hani étudie l’éducation et la psychologie, études supérieures qu’il termine en 1998 avant de devenir enseignant et commence ainsi à peindre et à publier des dessins de presse dans divers médias arabes. Alors qu’en Syrie, la guerre civile ne cesse de croître, Hani doit renoncer à l’enseignement. Sous contrôle du régime et vivant sous des menaces permanentes depuis le déclenchement de la révolution syrienne en 2011, ses amis lui disent de partir pour transmettre leur message au monde entier. Il prend la décision de fuir Damas avant que le quartier soit complètement détruit et se déplace vers le sud de la Syrie à Daraa, où il dessine de plus en plus et prend la casquette de militant sous un autre nom pour la chaîne satellitaire Al-Jazeera TV. C’est alors qu’en 2012, il publie sur sa page la caricature d’un soldat qui se penche pour sentir le parfum d’une fleur rouge, symbole de révolution. Très rapidement, les autorités saisissent son compte en banque et font fermer sa page Facebook, son
principal outil de communication.

Contraints et pour sa survie, il fuit la Syrie après avoir été menacé par les services secrets syriens suite à la publication de ses dessins politiquement engagés. Alors que ses 2 collègues les plus proches sont torturés jusqu’à la mort par les forces de sécurité du régime, il réussit en plein chaos à passer la frontière du Liban avec sa famille. Cherchant l’asile, il est invité par la Fondation Cartooning for Peace sous l’impulsion de Roberta Ventura à exposer sur Genève où il finit par se rendre et reçoit en 2014 le Prix International du Dessin de Presse des mains de Kofi Annan, Président d’honneur de la Fondation Suisse Cartooning for Peace créée en 2010.

Depuis, il travaille à temps partiel à l’Ecole Internationale de Genève comme professeur d’atelier de dessin de presse, il est également invité à donner des conférences pédagogiques et publiques avec le soutien de Chappatte, qui l’intègre dans le réseau suisse des dessinateurs de presse reconnus, ce qui lui permet de continuer d’aborder les sujets d’actualités avec son crayon, son humour et sa pertinence artistique auprès de nos médias.

Quelques mots sur le dessin de presse :
Le dessin de presse est un art en perpétuelle évolution. Né à l’Antiquité sous une première identité qu’est la caricature, pour devenir le dessin satirique à travers les siècles et pour aboutir sur le dessin d’actualité et dessin de presse à la fin du 19 ème siècle, il a une place importante dans la société, permettant d’aborder les sujets actuels politiques, sociaux, humains, environnementaux, etc, tout en « critiquant » avec humour. Il permet en effet d’adresser un message, de résumer une idée ou encore de parler d’actualité avec humour et piquant, à l’image de nos dessinateurs suisses dont Chappatte, Herrmann ou encore Mix & Remix.

L’actualité peut être effrayante, déstabilisante, surprenante mais aussi drôle, bienveillante, satirique parfois, voir décalée. Le dessin de presse est un outil pédagogique non négligeable qui permet aux enfants de vulgariser des thématiques parfois lourdes émotionnellement parlant, ou incompréhensibles selon les âges tout en s’amusant.

Hani Abbas, professeur et dessinateur de presse, propose dse modules pédagogiques destinés aux jeunes de 8 à 15 ans, donnant un avant-goût des multiples possibilités offertes par cet art. Le dessin devient alors un outil pédagogique et didactique qui permet de développer une meilleure compréhension des enjeux sociaux, politiques, environnementaux et humains dans un monde en tourment.